jeudi 20 août 2009

Martha Washington: Give me Liberty

Par Louis Deroys, août 2008.

Give me Liberty TPBAbsent pendant 4 ans du monde des comics, Frank Miller revient avec un opus engagé et ultraviolent chez Dark Horse Comics, Martha Washington: Give me Liberty. Pour propulser l'oeuvre, il s'entoure au dessin de Dave Gibbons encore tout auréolé de l'incroyable succès de Watchmen. Retenons que ce choix est historique puisqu'il permet à un petit éditeur de produire une oeuvre phare de deux stars du médium du moment. C'est aussi un choix politique de Miller qui veut casser le quasi monopole de Marvel Comics et DC Comics pour lesquels il travaillait au préalable. Give me Liberty est une vision vitriolée de l'Amérique républicaine, puissance mondiale omniprésente dont le seul contre-pouvoir à l'époque est l'empire communiste.

Give me Liberty #001Tout commence par un sinistre constat en 1995 : il ne fait plus bon vivre aux Etats-Unis d'Amérique. La faute en revient au président / dictateur Erwin Rexall. Elu en 1996, il a transformé ce pays en un état guerrier présent sur tous les fronts du monde via la police armée pacifique, la P.A.X. En 2008, les Etats-Unis sont en guerre avec 40 pays dans le monde entier et doivent faire face à une possible explosion indépendantiste de leurs états. Rien ne va plus et deux personnes au monde vont changer cela : Martha Washington et Howard Nissen. La première est une femme noire de Manhattan et le second est le ministre de l'agriculture de Rexall. Il n'y a aucun point en commun avec eux et tout les rend différents. Martha est née dans le Green, anciennement île de Manhattan que Rexall a transformé en un ghetto pour les pauvres, les exclus, les malades en tous genres. Dans ce monde en proie à la misère, Martha vit une existence chaotique entre l'école, sa vie avec sa mère, ses frères et son chat et puis la rue et ses dangers. C'est là où son père est mort quand elle avait 5 ans dans une manifestation contre la politique de Rexall. C'est là qu'elle doit s'habiller en garçon, qu'elle court pour sauver sa vie. C'est là où elle commet son premier meurtre dont elle ne se remettra pas et qui la conduira dans un minable hôpital psychiâtrique. Sa bonne bouille, ses nattes, son regard innocent disparaissent pour un regard vide et un habit vert qui l'entoure tandis que les cris des fous la poursuivent partout. C'est cette tunique qui l'accompagne dans son retour à la rue quand l'Etat, devenu trop déficitaire, ferme un par un les centres psychiâtriques. Puis elle s'engage dans les P.A.X. où, comme dans la Légion Etrangère, on ne demande rien mais où on exige beaucoup. Sa mère lui en voudra sûrement car elle a déjà perdu un fils dans ces forces de déploiement. Mais elle doit faire sa vie pour vivre.

Give me Liberty #004Et puis tout marche si bien, elle est même promue sergent en moins de 6 mois. Pas mal, non ? Howard Nissen est un ministre en désaccord avec Rexall. On murmure même qu'il ne va pas durer dans son gouvernement. Humain, rondouillard, la cinquantaine et père tranquille, il échappe aux bombardements de la Maison Blanche perpétrés par un groupe inconnu. Sous les flashs et les micros, il devient le nouveau président et programme des changements radicaux. Visionnaire, il simplifie tout et ne cède pas aux nombreux groupes de pression financiers. Il modifie les priorités des P.A.X. et arrête les conflits où son pays était engagé. Il redirige les actions des P.A.X. au Brésil pour aider à la reforestation de l'Amazonie au grand dam des trusts alimentaires. Il règle le problème des Indiens, les premiers natifs des Etats-Unis, en leur donnant une raffinerie de pétrole et la libre gestion de son exploitation. Enfin, il met fin au Green et entreprend la construction d'un programme de santé et d'aide sociale. Tout naturellement, en 2009, il est élu prix Nobel de la paix. Et puis, comme tout cycle naturel, le bon va être balancé par le mal. Le lieutenant de la P.A.X., Standford Moretti, est un ambitieux avec des réseaux énormes. Il est le supérieur de Martha. Froid, calculateur, il est à la botte des trusts alimentaires. Ses premiers plans dans la forêt brésilienne sont remis en cause par Martha, sa petite subordonnée. Il ne commettra plus la même erreur. Stratège exemplaire, il s'introduit malicieusement dans le cercle de Nissen et devient très rapidement un conseiller puissant et influent. Peu à peu, il déconstruit son président et détruit ses précieuses réformes. Il vise le pouvoir présidentiel et cumule les succès : l'atomisation de l'état apache, l'assassinat du vice-président, le meurtre de Nissen, l'accession au pouvoir des forces P.A.X. et le nouvel enfermement de Martha dans un hôpital psychiâtrique mais cette fois-çi pour un reconditionnement cérébral. Mais Martha lui donne du fil à retordre. La belle est un roseau : on la plie, on la triture mais elle revient toujours, droite comme un « i », droite comme la justice. Pour Moretti, accéder au pouvoir est une chose, le conserver en est une autre. Alors après l'ascension, la dégringolade : Moretti ne maîtrise plus le chaos qu'il a mis en place. N'est pas chef d'Etat qui veut. Le château de cartes s'écroule, les Etats-Unis sont au bord d'une guerre civile entre tous les états membres. Mais heureusement un homme resurgit pour reprendre les choses en main. Enfin plutôt un cerveau et plus précisément celui de ... Rexall revenu dans un revirement de situation plutôt cocasse. Moretti est arrêté, jugé et condamné à la peine capitale. Dans un final tragique, Martha lui rend visite dans sa cellule de prison. Elle lui prête sa ceinture après un monologue terrifiant et regarde Moretti s'étrangler et rendre l'âme.

Give me Liberty #003Voici le résumé de cet épique récit où nous laissons volontairement de côté quelques autres personnages. L'intrigue et les bouleversements se succèdent à un rythme effréné et les come-backs sont légion. On notera le retour de Rexall sous forme de cerveau ambulant, l'apparition du sergent-chef de la police de santé, un robot fou furieux et indestructible et le chef apache Redfeather qui jouera un rôle clef dans la libération de Martha. Grâce à ces alliés, Martha rend à l'Amérique son espoir de se reconstruire. Martha la femme noire partie de rien devient la sauveuse de l'Amérique. Frank Miller lâche ses humeurs et ses démons dans cette histoire. Il ne veut pas de complaisance vis-à-vis des puissantes multi-nationales comme Mc Donald's qui contribue à la déforestation de l'Amazonie ; il est contre le nucléaire à fin alimentaire (ou plus ?) ; il en a assez des héros blancs de peau. Il faut noter que la couverture du premier numéro où la statue de la Liberté a le visage de Martha avec une tiare couverte de seringues fit grand scandale à l'époque. Give me Liberty et la parution chez un petit éditeur vont lui permettre de porter loin ses revendications. Toujours engagé pour faire avancer les choses, il livre ici un récit à la hauteur de ses convictions. Frank Miller a utilisé une narration qui va crescendo : on commence par des origines troublantes, dérangeantes, qui prennent les tripes et le coeur puis on flingue, on tue, on atomise. On crie, on s'exalte pour chaque action héroïque de Martha et de ses complices. Il y a cet humour grinçant qui écorne ces belles images que nous promet le nucléaire : vous voulez de belles tomates de 50 centimètres de diamètre ? Non merci ! Dave Gibbons est l'écho de cet opus révolté. Chaque numéro est sublime. Il a une manière élégante d'alterner les scènes de combats avec un mélange d'immobilisme et d'action. Et puis il y a ce premier numéro qui dépasse les trois autres tant il est parfait : Martha est bouleversante en tant qu'écolière tricheuse et curieuse, puis tueuse par auto-défense et enfin guerrière fatiguée mais qui ne renonce jamais. Dans le premier numéro, il y a une page où Martha est assise et nous regarde avec détermination, les cheveux jaunis par des gaz chimiques. Des larmes coulent mais elles sont stoppées par sa main. Regardez-la car elle marque la série à elle seule. La puissance du dessin de Gibbons est vraiment à son apogée dans cette page extraordinaire. Les trois numéros suivants sont un ton en dessous car le dessin et la narration sont moins travaillés. Néanmoins, l'oeuvre est remarquable. Toutefois, nous vous invitons à ne pas acheter les autres numéros (en oneshot essentiellement) mettant en scène Martha Washington. Le duo s'est perdu dans des errances ridicules où la pauvre n'était plus qu'une guerrière à la Conan dans un monde futuriste. Limitez-vous donc à la lecture de ces 4 numéros car ils sont particulièrement uniques.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell

Par Louis Deroys, août 2008.

La boîte à trésors
. Ah nostalgie quand tu nous tiens ! Sans vouloir pleurnicher sur le bon vieux temps, nous souhaitons vous conseiller sur ces anciennes séries (limited series, run sur une série ongoing, classic story arc ou one-shot méconnu). Nous vous guiderons au travers de ces comics qui chacun dans leur genre nous ont marqués et que vous devez absolument lire. Leur point commun est d'appartenir aux années 1985-1995 où un grand nombre de petits chefs d'oeuvre apparaissaient ça et là. Nous allons entamer cette rubrique par deux titres de Dark Horse Comics : les mini-séries Grendel Tales: Four Devils, One Hell #1-6 et Martha Washington: Give me Liberty #1-4. Grendel Tales: Four Devils, One Hell.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell #006Dans les années 1980, Matt Wagner a créé un univers autour d'une force agressive qui possède les gens et les laisse se transformer en vecteurs du bien ou du mal : c'est Grendel. Ce concept va donner naissance à un univers gigantesque qui s'étale sur 600 ans. Le premier Grendel s'appelle Hunter Rose. Parmi les ennemis les plus dangereux, on trouve des vampires dont certains accèdent aux pouvoirs des Grendels. Le titre aura un peu plus de 54 numéros (dont 50 qui constitueront une série ongoing : 40 épisodes chez Comico et 10 chez Dark Horse Comics) puis la série se termine en 1993. Ensuite, Matt Wagner confie le thème à d'autres auteurs qui joueront avec cette idée dans des limited series intitulées Grendel Tales. Il y aura 8 mini-séries qui s'étaleront de 1993 à 1997. La première, et sans doute la meilleure, s'appelle Grendel Tales: Four Devils, One Hell et ses auteurs sont James Robinson et Teddy Kristiansen. James Robinson est un brillant scénariste qui vient du monde de la télévision et son point fort exprime toute sa plénitude dans la description et le développement de personnages. Il n'a pas de pareil pour développer des intrigues bien ficelées et il a collaboré au préalable avec Matt Wagner sur une historie de Grendel et sur un one-shot de Terminator en 1991 (chez Dark Horse Comics). Teddy Kristiansen est un illustrateur incroyable et peu connu à l'époque, fortement influencé par l'école des impressionnistes hollandais. Four Devils, One Hell est une saga où les personnages ont des facettes que l'on découvre au fur et à mesure de l'histoire. Il y a aussi une intrigue haletante avec son déroulé d'indices pour s'achever sur un final remarquable.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell TPBNous sommes dans le futur et les Grendels sont partout. Il y a Alfred Bixby, un Grendel de pacotille qui a perdu la raison à la suite d'une histoire d'amour devenue particulièrement sordide. Il a vécu une love story passionnée avec Simone Baltiaque, une belle métisse noire. Mais, dans le climat fou et macho de la Nouvelle-Orléans, il doit lui montrer de quoi il est capable car après tout, c'est l'homme qui doit ramener l'argent à la maison, non ? Aussi, convaincu par ses capacités, il défie le destin et le voilà joueur de cartes. Mais il se fait plumer comme un chef et il accepte l'inacceptable : il troque Simone (!) contre ses dettes à Calhoun, un Grendel joueur né, malin et prêt à tout pour le gain. Détruit, Alfred erre dans les pires recoins et voit sa belle au bras d'un autre. Sa personnalité est fragile, il tombe dans la folie et il plaque tout pour partir chasser les vampires en Amazonie. Régulièrement, il avale des cachetons et le voilà face à des visions incroyables qui lui dictent ses nouvelles missions. La dernière provient de Charlemagne, le roi français, qui lui ordonne d'aller chercher une précieuse relique à la Nouvelle-Orléans. Il s'exécute donc.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell #004De son côté, Calhoun pensait pouvoir faire face à cette belle escroquerie : gagner la femme de ces rêves à un guignol. C'est formidable, non ? Eh bien non car les remords le rongent. Etre un vrai escroc n'est pas si facile quand on a un peu de sens moral. Il prend conscience du mal qu'il a fait et va perdre sa femme qui tombe dans les bras d'abord de vampires puis dans celui de Renute, un chef de clan Grendel de la Nouvelle-Orléans. Il est lui aussi détruit et veut se racheter une conduite. Le voilà qui devient un samaritain et donne tous ses gains à un orphelinat. Mais ce nouveau héros reste fragile et son coté sombre et intéressé va vite reprendre le dessus quand il collabore avec Josef Mantovani pour récupérer l'enfant de Simone, le prétendant au titre de roi de France ! Josef est un détective privé. Un vieux, un ancien à la Humphrey Bogart. Il se voit comme un héros, un redresseur de tort au service de la justice. Il aurait eu les capacités pour devenir un Grendel mais il n'a jamais pu, jamais osé. Il aurait été un vrai serviteur du bien, c'est certain. Il est contacté par Guillaume Baltiaque pour enquêter sur la mort de son frère Emile Baltiaque, assassiné sans raison. Il va vite découvrir que l'assassin, un Grendel nommé Dulac travaille pour Renute. Dulac est la main tueuse qui doit abattre tous les Baltiaque encore existants. En effet, ceux-çi sont les héritiers des rois de France et une prophétie vaudou annonce que dans quelques jours, le dernier héritier vivant deviendra l'incarnation du premier Grendel ayant jamais existé : Hunter Rose. Il aura alors la main sur cet empire vieux de plusieurs siècles et aura des pouvoirs immenses. Tout porte à croire que Renute sera cet homme là.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell #002Alors le temps presse et pour Gloria, le temps court encore plus pour récupérer le trésor. Elle est une jeune Grendel anglaise qui vit recluse dans une maison isolée. Les Grendels anglais n'ont pas de points communs avec leurs cousins américains : ils ont le sens de l'honneur, respectent des vraies valeurs d'honnêteté et se sont battus pour le bien de l'empire Grendel. Gloria n'a jamais combattu le glaive à la main car sa tâche est tout autre : elle doit honorer son clan en amassant les plus belles oeuvres artistiques du monde. Mais sa quête semble terminée jusqu'au soir où Hubert la contacte car il a trouvé le lieu où se trouve le trésor.

Grendel Tales: Four Devils, One Hell #003Alors Gloria quitte tout et part à la recherche de ce trésor qui se trouve à la Nouvelle-Orléans. Mais elle va vite déchanter en voyant ces autres Grendels. Elle s'effraye en voyant ce qu'elle devient pour accomplir son destin : elle tue, frappe, regarde des Grendels se comporter comme des chiens. Elle séduit un homme minable mais qui seul peut l'amener au trésor. Son âme change et elle n'y peut rien : son honneur est d'abord de conquérir ce trésor. Au final, toutes les pièces de cet immense puzzle s'imbriquent les unes aux autres et seuls ceux qui ont gardé leur morale survivront. Four Devils, One Hell se conclut sur un final inattendu durant lequel Renute révèle sa véritable personnalité. Lui, le chef d'un clan, leader né renforcé par des prévisions vaudous est devenu une victime de l'amour. Mais sa perversion, son goût du pouvoir vont le transformer en destructeur d'humanité, rejetant toutes ses convictions initiales et notamment celles du mode de vie Grendel. Je vous laisse bien sûr le soin de regarder les détails de tous ces points mais la lecture de ces épisodes va vous fasciner. James Robinson livre un cycle merveilleux où les personnages sont de plus en plus attachants. Il nous livre tout et il y a dans chaque numéro 4 pages qui décrivent l'âme des protagonistes. Il utilisera le même système dans sa série phare Starman chez DC Comics à partir de 1994 que nous décrypterons dans un prochain numéro. Cet homme fut à cette époque où il s'investissait énormément dans le monde du comics un des scénaristes phare à lire absolument. Teddy Kristiansen développe un style innovant et accessible. Mélange étonnant de Kyle Baker et de Simon Bisley, il rend des planches où il exécute tout, du dessin à l'encrage, du lettrage à la couleur. Rien ne manque : des splashs uniques, une narration remarquable et des couleurs qui se marient parfaitement au script de Robinson. Il a continué d'exercer son talent sur des séries DC Comics comme House of Secrets, un one-shot crossover de Sandman et Sandman Mystery Theater, et plus récemment sur un opus de Superman « It's a Bird ! » récompensé par un award. Vous trouverez cette mini-série assez facilement. Jetez-vous dessus sans plus attendre et profitez-en pour découvrir les numéros de la série ongoing de Grendel. Vous y découvrirez un univers fascinant digne de Watchmen et de V for Vendetta. Alors enjoy et viva Grendel !

Interview Actualités, Books & Comics

Datant du mercredi 10 juin 2009, par Mathieu Doublet.
Publié initialement sur Onirique Comics 7.0 !

Mon fournisseur de comics mensuels rénove son échoppe. Quoi donc de mieux qu'une interview « copinage » pour signaler son existence ? Petit souci, il est bavard ... très bavard.

Actualités extérieur le 07 juillet 2007
La librairie Actualités au 38 rue Dauphine - 75006 Paris
Salut shell, on ne va pas pouvoir le cacher longtemps aux lecteurs de ce site : tu es mon fournisseur de comic-books mensuels donc cette interview ne sera bien entendu pas féroce. En même temps, tu n'as pas grand chose à cacher, si ?

Aargh, ton entrée en matière est tout à fait inhabituelle. Je vais essayer de ne pas être désarçonné par cette formulation inattendue et répondre au mieux.
Un peu de férocité, ma foi, pourquoi pas ? J'ai toujours aimé un bon challenge à relever, c'est assez dans mon tempérament. Quant à cacher ou non quelque chose, ça va devenir de plus en plus difficile dans la mesure où, à mon sens, l'arrivée de l'Internet (et auparavant des outils de communication nomades) induit nécessairement une rapidité du transport de l'information de par le monde. La transparence, la pédagogie et le dialogue ont toujours prévalu dans mes rapports à autrui (jusqu'à un certain point néanmoins : après moult efforts, quand ça ne rentre pas, je renonce).

Tu gères le site libractua (http://www.libractua.com) qui est un prolongement d'une ancienne librairie parisienne « Actualités » anciennement située 38 Rue Dauphine dans le 6ème arrondissement à Paris. Est-ce-que tu pourrais nous parler de cette échoppe et de son tenancier, Pierre Scias ?

Première précision, l'adresse Internet exacte n'est pas le .com mais http://www.libractua.fr. A l'heure actuelle, le .com n'est pas disponible et étant donné qu'il s'agit originellement d'une adresse parisienne, le .fr ne prête à aucune confusion quant à la localisation de la base d'opérations. Comme tout à chacun, il m'arrive de surfer sur la toile et j'apprécie toujours de savoir où se trouvent les personnes qui s'occupent de tel ou tel site. Les suffixes sont très souvent ambigus. Peut-être qu'à l'instar de nombreuses personnes, t'es-tu demandé : à qui ai-je affaire quand je tombe sur un .com, .net, .org et consorts ? Et je pense garder ce suffixe en .fr à l'avenir.
Actualités intérieur

Ma vision est qu'une librairie agit à l'échelle locale. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir des clients à l'étranger. Par exemple, régulièrement, un graphic novel Owly s'envole pour l'Asie pour un de ces clients. Ceux-ci m'ont connu du temps où j'étais à la librairie rue Dauphine. En réalité, la gestion du site libractua.fr ne nécessite que très peu de temps.

Pour remettre les choses dans leur contexte, en avril 2007, j'étais fixé sur le destin de la librairie Actualités physique : la mort de Pierre Scias 8 mois auparavant et le changement de gérance de l'entreprise condamnaient Actualités / Dani France SARL à la liquidation. De plus, le ré-ajustement du montant du loyer du local par le propriétaire n'aurait jamais permis de préserver l'équilibre financier de l'activité. Il ne faut pas se leurrer : les librairies disparaissent petit à petit du centre historique de Paris. Maintenir une telle activité (c'est-à-dire, comme tu l'évoques toi-même, une petite échoppe de proximité) peu rémunératrice par rapport au commerce d'habillement, de chaussures, etc relevait du mystérieux. La disparition de ces pourvoyeurs de culture est devenue une préoccupation de la Mairie de Paris. Des gens qui habitaient le quartier de longue date m'ont à maintes reprises dit que, dans les années 1960-1970, la rue Dauphine regorgeait de librairies. Le temps passant, celles-ci ont été remplacées par des soldeurs de livres et des commerces d'habillement.

Pierre Scias
Pierre Scias 1939-2006
Dans le cas de Pierre, la persistance de la librairie dans la rue Dauphine pendant près de 40 ans était la conséquence d'un arrangement très particulier avec le propriétaire des lieux. Je reviendrai sur Pierre plus tard. Mais pour reprendre le fil par rapport au site, je quitte les lieux, non sans une profonde tristesse, un matin de septembre 2007 (faisant un dernier tour de ce lieu dont je connaissais tous les coins et recoins). Quelques mois avant, j'avais expliqué la situation à tous mes clients que le lieu allait disparaître et vu avec eux du projet de continuer « à acheter leurs comics chez Actualités ». Leur réaction pour la plupart fut encourageante.

Leur approbation m'a conduit à créer la présente structure, Actualités, Books & Comics SARL (A,B&C en raccourci) en juin 2007. J'ai aussi la chance de pouvoir reprendre la dénomination commerciale « Librairie Actualités » dans les statuts de la société. Après septembre 2007, la création de libractua.fr apporte une réponse aux questions de tous ceux qui seraient passés devant la librairie rue Dauphine et trouvant la porte fermée (et que je n'aurais pas vus ou avertis, tant les évènements se sont enchaînés à la vitesse grand V). Les 2 pages présentes sur libractua.fr fournissent une explication succincte des raisons de la disparition de la librairie, mais aussi la volonté de Laurent Bruschi (un des associés d'A,B&C) et de moi-même de faire perdurer le lien créé autour de Pierre.

Que reste-t-il de la librairie dans le site Web ?

L'esprit. Toujours et encore. En fait, le véritable site d'Actualités est situé à l'adresse http://www.actuastore.com ! Je pense que tu me poses la question car, de ton oeil averti, tu as pu discerner quelques éléments de design et de structures propres à Actualités. Quiconque s'étant rendu chez Pierre a été forcément confronté à la dichotomie entre les livres et la bande dessinée. Ceci est resté, même si la rubrique « Books » est nettement plus réduite que la rubrique « Comics ». Ensuite en un peu plus subtil, le logo réalisé par tibo Soulcié (qui collabore, entre autres, à la revue généraliste bimestrielle Zoo) reprend la police de caractères des lettres du magasin et le bleu des cartes de fidélité. Le background « Bamboo » n'y est pas étranger non plus.

Quelque chose que le site Internet ne pourra pas accumuler au cours des semaines, c'est la poussière ! Heureusement. Sur le Web, les étagères et les rayonnages ont cédé la place aux bases de données.

Perdre le magasin n'est pas chose facile pour tenir un commerce. Comment s'est passée la période entre le magasin et la vitrine Web ? As-tu perdu beaucoup de clients ?

Il est certain qu'avoir une vitrine sur la rue est un avantage. D'un autre côté, je savais dès le début de l'aventure qu'il faudrait initialement faire sans. Par ailleurs, dit comme cela, s'occuper d'une librairie physique, c'est être un commerçant ou dans ce cas, être un libraire. Je n'en ai pas l'âme. Je m'explique. Rapidement, c'est un questionnement qui s'est présenté à ma réflexion. J'ai vécu l'expérience de « libraire » quand j'ai remplacé Pierre durant ses congés d'été où il partait une dizaine de jours dans sa Provence natale, puis dans la dernière ligne droite donnant sur la fermeture de la librairie. Mais je ne me sens pas l'âme d'un libraire. Devant ce dilemme de « plus de boutique, pas vraiment libraire », je me suis dit qu'il fallait renouveler le concept ! Les clients ne viendraient plus chez le libraire, mais les livres iraient chez eux. Rien d'exceptionnel puisqu'Internet a favorisé la mise en contact entre vendeurs et clients. Deux exemples américains, Amazon et eBay, sont les fers de lance de cette idée. Actualités n'est plus un magasin, mais un site Internet assurant une prestation de services.

En imaginant cela, je n'ai pas fait grand chose. La route reste longue. En octobre 2007, le site libractua.fr est rédigé et mis en ligne. Il me faut réfléchir sur le nom du domaine principal sous lequel je veux créer le site. Plusieurs idées que j'évoque avec des amis n'ayant aucune affinité avec le monde des comics. Un nom est retenu. Fin novembre 2007, ce sera le dépôt du domaine http://www.actuastore.com. Je n'ai pas de suite débuté la programmation, bien trop occupé à m'attacher aux aspects commerciaux, équilibrage financier, formalités administratives ... enfin, les petits (car ils finissent toujours par se résoudre) tracas du gérant d'entreprise au début de son activité. je savais que je ne disposais pas de suffisamment de ressources temps / neurones pour m'attaquer à la programmation.
De la fin 2007 à, disons, l'été 2008, ce fut une période bien chargée qui m'a permis de trouver un certain rythme. Néanmoins, bien que n'étant pas informaticien, je commence à lire et à recueillir les informations de base sur le HTML, le PHP, le SQL, le référencement, la sauvegarde et la protection des données, etc. Je me fais aussi la main sur Adobe Photoshop. Curieusement, je me suis mis très tard à l'Internet (comme les comics d'ailleurs) car, à mes yeux, c'était un outil d'information mais j'avais tendance à préconiser le support livre. L'Internet n'a été installé qu'en septembre 2007 chez moi. Depuis, il est devenu indispensable.

Ann Nocenti & Chris Claremont
Chris Claremont & Ann Nocenti
N'ayant pas à tenir un magasin, j'ai pu ainsi travailler tranquillement (à tête reposée) à l'élaboration du site actuastore.com. Tel qu'il est maintenant, il laisse la part belle aux comics, ce qui ne sera pas pour déplaire à tes lecteurs. Quelques remarques qu'on m'a faites : il est tout d'abord très illustré et visuel, il a été pensé dès le début comme bilingue (d'ailleurs, si on visite le site en anglais, on s'aperçoit que les textes et images diffèrent de la version française), il est également informatif quant à l'histoire des comics et de certains créateurs, ne se cantonnant pas uniquement à l'aspect de vente. La construction du site m'a pas mal occupé d'avril 2008 à janvier 2009, à la fois côté structure et côté enrichissement du catalogue. Il reste une de mes fiertés. Alors qu'un an et demi avant, j'ignorais vraiment tout de cet univers. C'est une expérience personnelle géniale et fortement instructive quand j'y repense.

Ai-je perdu des clients ? Oui, mais pas lié « au nouveau mode de fonctionnement ». L'un est parti faire un tour du monde à pied en groupe ; c'était un projet personnel qu'il avait dans la tête depuis plusieurs années, il a passé une année pour le mettre sur pied et lorsque l'on s'est vu, il m'a dit que sa durée prévisionnelle était ... indéterminée ; seuls les premiers visas pour certains pays étaient « calés » : un groupe, les aléas, les difficultés pour obtenir ceux de certains pays, etc sont autant de sources d'imprévus. Est-ce-que ma blacklist est longue ? Non. Et puis, soyons optimiste, j'en ai également de nouveaux.

Qu'est-ce qui fait la particularité de libractua.fr par rapport à tous les comic-shops physiques de Paris et de Navarre ? Quels sont les avantages à venir chez toi ? Je sais qu'on peut précommander ses comics à travers le Previews, sera-t-il possible de le faire par le biais du site ? Et pour les back-issues, comment ça se passe ?

Mmm, libractua est un raccourci pour un site, à ce nom je préfère la dénomination « Actualités ». De même, j'ignore d'où provient ce mot « comic-shops » que je n'emploie jamais car il me semblait que les anglo-saxons disent plutôt « comic-stores ». Au-delà de la terminologie de « clients », la plupart sont avant tout des gens que j'ai rencontrés chez Pierre et avec lesquels j'ai parlé / discuté sur un même pied d'égalité en tant que « clients de Pierre ». Laurent Bruschi est également de ceux-là. Ce qui me distingue d'eux, c'est que je centralise leurs sollicitations mensuelles comics. A l'heure actuelle, Actualités est comme une association de gens qui sont fans de comics (enfin pas exactement, dans la mesure où certains de mes clients veulent des livres en français).
Ce qui la différencie des autres magasins ? Le résultat du fait de n'être pas une librairie physique se traduit par la désignation de « pure player » au sens du jargon Internet. Je pense que le plus réside véritablement dans la qualité de la prestation de services et de la communication. Qu'en penses-tu ?

En fait, je fournis gratuitement le Previews à mes clients. Et ils me retournent leurs listes. Comme tu le sais, le marché des comics U.S. est composé de plusieurs centaines de parutions mensuelles, de magazines, de merchandising et devenu tel qu'il n'est pas possible de tout avoir. C'est l'utilité du Diamond Previews qui permet de précommander ce qu'on a repéré dans le catalogue. Pour moi, cela me permet d'ajuster au mieux les quantités. Pour le client, c'est la garantie de ne pas rater le moindre numéro de ses séries préférées. Tu n'imagines pas à quel point cela complique les choses lorsqu'on me demande un comics à petit tirage après sa parution. (NdMD : Non, je n'imagine pas, c'est pour cela que je tente le coup de temps en temps !)

Les oldies, c'est la richesse d'Actualités ! Ai-je mentionné que Pierre fût l'un des premiers à importer des comics U.S. en France ? Le seul problème des back issues : elles ne sont pas encore listées, ni recensées sur le site. Beaucoup de comics de la période 1972 au début des années 2000. Du Silver Age aussi. De toute manière, c'est un de mes domaines de prédilection.

Quels sont les fers de lance de la librairie dans un futur proche ?

Pierre Scias & Chris Claremont
Pierre Scias & Chris Claremont
Pierre fût un pionnier dans l'import de comics U.S. et Underground. L'offre de comics est pléthorique à Paris : il y a davantage de magasins au mètre carré qu'à Londres ou à New York alors que les gens ne sont pas nécessairement anglophones. Un comble, non ? Je pense qu'il y a bien 9 librairies intra-muros dans la capitale. Je connais les gens qui s'en occupent et ils me connaissent. Mais là, avec actuastore.com, j'ai un peu l'impression d'être l'un des tout premiers à proposer une offre principalement composée de comics + back issues en version originale en France.

L'Internet permet d'être accessible indifféremment pour des personnes vivant à Paris, en province ou à l'étranger. Une des grandes forces du e-commerce, c'est de pouvoir commander de chez soi et d'un simple clic. Encore est-il que, quand on pense à un magasin de comics sur Internet, les noms qui surgissent immédiatement à l'esprit sont majoritairement américains. L'existence du site actuastore.com est désormais d'apporter une alternative. Certes, des modifications et des corrections mineures de code vont continuer à être implémentées.

Tu m'as parlé d'un concours géant ?

A proprement parler, ce n'est pas un concours, juste un jeu qui va s'étaler sur toute l'année 2009 (voir la section « Enigme 2009 ») et dont les règles sont expliquées sur le site avec naturellement des comics à gagner. Il est le prolongement d'une idée survenue en 2008 et on entend bien continuer l'année prochaine (et pour dire les choses, Orc_nRoll et Lusiphur sont déjà attelés à la recherche du concept).

Et puis, il y a aussi Sn[i]³kt ! ™. Qu'est-ce-que c'est ? Disons, un petit projet collaboratif par de gentils chroniqueurs volontaires.

Et puis l'idée d'un lieu en dur commence à pointer du nez.

En tant que vendeur de comics, tu dois certainement en lire personnellement quelques-uns. Quels sont tes séries ou tes auteurs préférés ?

Effectivement, je lis une quinzaine de news comics par mois. Difficile de perdre ses habitudes quand on a été 15 ans client chez Pierre. En grande partie du super-héros mainstream chez DC et Marvel Comics. Comme beaucoup, j'ai commencé par Strange avant de découvrir les comics U.S. dans la librairie Album rue Dante. J'ai progressivement basculé sur les versions originales et ne lis aucune parution française. Sans doute dû à ma synchronisation avec le rythme des histoires U.S. et donc ensuite, il est difficile de revenir lire des versions françaises à la traîne. Totalement ignorant de ce qui sort actuellement en France, j'ai déjà lu les fins de Secret Invasion et de Final Crisis et aborde les évènements Dark Reign et Blackest Night.

Côté news comics, la série Green Lantern scénarisée par Geoff Johns, dessinée par Ivan Reis est d'une grande qualité et me fait penser aux grandes sagas cosmiques d'antan. Chez DC, curieusement, je n'ai jamais trop accroché sur Superman, Batman ou Wonder Woman. Je suis resté sur ceux dont j'ai découvert les aventures dans les poches Arédit : Hal Jordan, Barry Allen et la Justice League of America. J'admets assez mal connaître la J.S.A. malgré tout le bien dont j'entends parler.
Chez Marvel, pour moi, le haut de la pile c'est Fantastic Four de Mark Millar / Bryan Hitch et Captain America par Ed Brubaker. Et, malgré le n'importe quoi du deal avec Mephisto, je trouve que la série Amazing Spider-Man n'est pas si mauvaise en ce moment.

Dans ma liste d'auteurs préférés : j'ai apprécié Alan Moore sur V for Vendetta et Swamp Thing, Garth Ennis sur Preacher, mais ces dernières années, j'avoue un penchant pour tout ce que fait Warren Ellis chez Avatar Press. Le bonhomme est un génie de l'écriture et déborde d'imagination. Les esprits retors diront qu'il s'informe à longueur de journée sur Internet via sa page personnelle, son blog, etc. C'est un touche-à-tout, aucun genre ne le rebute … Excentrique, cultivé, inventif, insolent, percutant, (voire parfois malsain), j'adore !

Côté oldies, j'aime la série en format Essential qui reprend The Savage Sword of Conan chez Dark Horse Comics (il me faut en moyenne 5 soirs pour lire le pavé de 500 pages, mais le trait de John Buscema, Alfredo Alcala et de Tony de Zuniga en noir et blanc est une pure merveille). Là, je vais attaquer The Losers par Jack Kirby. J'avais essayé, il fut un temps, de compléter le run en comics originaux (et je dois en avoir la moitié de ces fameux Our Fighting Forces) mais les comics de guerre sont assez rares. La sortie de l'Omnibus représente l'occasion rêvée de les lire d'une traite. Pas de mystère, mes dessinateurs favoris sont ceux qui ont initié le Silver Age chez DC et Marvel Comics.

John Romita Jr. & Dan Green
John Romita Jr. & Dan Green
N'ayant pas la connaissance infuse de ce média qu'est le comics américain, il est évident que d'avoir discuté avec Pierre et de nombreux amateurs dans sa librairie m'a beaucoup appris sur le sujet. Plutôt de la génération des fans de John Byrne, George Pérez ou Jim Starlin (c'est-à-dire autour du Bronze Age), Pierre m'a fait partager son admiration pour Jack Kirby au-delà des seuls Fantastic Four (parus chez les Editions Lug). Ces derniers temps, je découvre avec bonheur le comic-strip des années 1950, genre sur lequel se sont lancés plusieurs éditeurs récemment tels que Checker Publishing, Classic Comics Press, Fantagraphics et IDW Publishing. Par exemple : totalement méconnu pour moi il y a de cela 2 ans, Mary Perkins' On Stage par Leonard Starr est vraiment agréable à lire. Ma pile de lecture est assez conséquente, j'ai du retard. Les comics et trade paperbacks se lisent vite mais les volumes plus épais (du type Essential, Showcase Presents, Masterworks) nécessitent du temps libre dont je ne dispose pas nécessairement. Mais je me suis toujours dit qu'il fallait que je corrige une lacune du côté des Krazy Kat & Ignatz, EC Comics, Creepy, Eerie et Epic Illustrated. Du peu que j'en ai vu, ça semble être incontournable !

As-tu découvert des séries grâce aux précommandes de tes lecteurs ? As-tu déjà été surpris par certaines demandes ?

Dans ce que les gens commandent, il est vrai que je suis parfois surpris. Dis voir, n'est-ce pas toi qui vas dénicher de petites perles, par exemple Hack / Slash, dans les recoins les plus invraisemblables du Previews ? (NdMD : Hack/Slash, quand même, ça n'est pas ce que je commande de plus obscur ...) Les éditeurs indépendants de plus petite envergure proposent des titres de niche. Je suis quand même épaté par le tsunami des zombies qui ont envahi non seulement le Marvel Universe mais le média tout entier ! L'autre pendant de cette déferlante est le comics avec Jésus-Christ comme héros. Sigh, pour paraphraser Ben Grimm a.k.a. The Thing : « Wotta revoltin' development this is ! ».
Sinon chez Evil Twin Comics, dès que les Comic Book Comics sortent en relié, je me jette dessus. Tu n'imagines pas le nombre incalculable de fois où j'ai dû recommander les graphic novels d'Action Philosophers ! Cette grande diversité fait le charme du comics. Elle correspond à la multiplicité des goûts et intérêts du lectorat. Du moment que c'est de qualité, c'est une bonne chose et on ne peut que s'en réjouir.

Bon courage à toi et à libractua.fr, A,B&C / http://www.actuastore.com pour la suite !

Merci. Une petite bière pour se remettre ? (NdMD : Attends qu'on se revoit !)